MANGER DES YEUX
Exposition : MANGEZ DES YEUX avec trois artistes présentés : Corinne DENIEL, Matt FRENOT et Riccardo OLERHEAD -> PHOTOGRAPHIE, DESSIN, SON, VIDEOS, PUBLICATION
« – Ça va surement revenir. Mais pour le moment, nos clients ne sentent rien. C’est comme si on cuisinait pour des gens enrhumés. Sortez la grosse artillerie.
La vie continue. La nourriture se fait plus relevée. Plus salée. Plus sucrée. Plus aigre. On s’y habitue. La plus grande perte, ce sont les souvenirs. L’odeur et les souvenirs sont liés. La cannelle rappelle un tablier de grand-mère. L’odeur de foin coupé, la peur qu’on avait des vaches. Celle du diesel fait penser à une première traversée en ferry. Sans odeur, un océan d’images du passé disparaît. » Extrait du film « Perfect Sense » de David Mackenzie
Pour sa troisième édition, le festival Été Indien(s) invite à chatouiller vos papilles. LA PASSAGÈRE, à cette occasion, en profite pour faire travailler votre imaginaire.
Avancez dans cette mythique salle Henri COMTE… Savourez ce que vous avez devant vous… Mangez des yeux les œuvres de Corinne DENIEL qui fait la part belle à la délicatesse, de Matt FRENOT qui révèle la sensation de la couleur, quand Riccardo OLERHEAD offre une palette régénératrice.
Mangez, mangez, mangez ! Avec appétit !
Ouverture de l’exposition le jeudi 17 septembre à 11h en présence des artistes
Exposition du 17 au 27 septembre de 11h/11h30 à 19h à la salle Henri COMTE. Le dimanche 27 la fermeture se fera à 17h.
Vernissage le samedi 19 septembre entre 18h & 21h, en présence des artistes.
Ateliers enfants (6-9 ans), les samedis 19 et 26 septembre et le mercredi 23 septembre entre 11h et 12h30/13h à partir du travail de Matt FRENOT et de Riccardo OLERHEAD
À cette occasion dessiner, deviner des sons et réaliser des natures mortes seront à l’honneur ! Les petits repartiront avec leurs propres œuvres « à la manière de » !
Atelier 5€ sur inscription. 6 places par atelier. (0670743087 ou lapassagere.2019@gmail.com )
(Pour des raisons sanitaires, le port du masque est obligatoire dans la salle).
Adresse : Salle Henri Comte, 28 Rue de l’Hôtel de ville
« – Ça va surement revenir. Mais pour le moment, nos clients ne sentent rien. C’est comme si on cuisinait pour des gens enrhumés. Sortez la grosse artillerie.
La vie continue. La nourriture se fait plus relevée. Plus salée. Plus sucrée. Plus aigre. On s’y habitue. La plus grande perte, ce sont les souvenirs. L’odeur et les souvenirs sont liés. La cannelle rappelle un tablier de grand-mère. L’odeur de foin coupé, la peur qu’on avait des vaches. Celle du diesel fait penser à une première traversée en ferry. Sans odeur, un océan d’images du passé disparaît. » Extrait du film « Perfect Sense » de David Mackenzie
Pour sa troisième édition, le festival Été Indien(s) invite à chatouiller vos papilles. LA PASSAGÈRE, à cette occasion, en profite pour faire travailler votre imaginaire.
Représentez-vous comme un de ces premiers Hommes arrivés sur terre. Pour vivre, vous chassez, pêchez et cueillez tout au long de la journée, Ainsi, vous devez être un homme fort, vaillant, un vrai combattant ! La femme qui vous accompagne, bien rassasiée, collecte aussi et vous donne une nombreuse progéniture. En ces temps-là, vous mangiez pour vous nourrir.
Au Moyen-Âge, vos héritiers lointains appartiennent au monde paysan. Ils s’alimentent essentiellement de pain, de vin et de «companage». Les potagers familiaux sont réalisés à base de choux, panais, poireaux, épinards et oignons. Quand viande, il y a à la tablée, elle est toujours bouillie. Manger devient un acte définissant son rang dans la société. «La grande chaîne de l’être» naît de la volonté de créer une hiérarchie par rapport à un ordre de valeurs des animaux et des végétaux. Le seigneur, à qui ils versent la gabelle, ne se sustente pas de la même manière. Son souper à lui, est un festin se déroulant selon un rituel très codifié. Un spectacle où les musiciens, conteurs, jongleurs et acrobates amusent la galerie. Sur la table, chaque plat est une œuvre d’art destinée à éblouir les invités. Les fruits se dégustent en début de repas. Puis sont servis les potages, avant les entremets et la desserte. Compotes, flans, crèmes, tartes, fromages et fruits secs «ferment les estomacs» ! Vous mangez et vous êtes identifié.
Sous Catherine de Médicis (1519-1589), puis sa sœur Marie, votre lignée est devenue cuisinière. Par chance, cuisiner est désormais reconnu comme un «art de vivre» ! C’est l’arrivée de la fourchette ! Le raffinement prend place à table : l’influence italienne. Dans l’arrière-cuisine où elle œuvre, l’utilisation du beurre est beaucoup plus habituelle, tout comme l’usage d’herbes «modernes» et aussi de truffes, de champignons sauvages dans les farces, les ragoûts, et les garnitures. Elle peut s’amuser avec des nouveaux légumes comme le chou-fleur, l’asperge, les petit-pois, le concombre ou l’artichaut désormais introduits. Les légumes doivent être frais et précoces. Le soin apporté à la cuisson des viandes vise à conserver le maximum de leur goût. Tourtes et tartes, gâteaux de riz, pâte d’amandes, massepains, pâte à choux, pain d’épices, fleurs confites, et nougat enrichissent le service. Votre descendance n’est pas encore sur le devant de la scène mais cela ne va pas tarder…
Plus tard, elle fréquente Alexandre Dumas (1802-1870), grand auteur de la littérature française, et cuisinier amateur. Et oui ! A ses côtés, elle le voit consacrer les dernières années de sa vie à l’écriture du «Grand Dictionnaire de cuisine». Elle ne compte pas les fois où elle l’a entendu terminer ses repas avec cette sentence : «C’est ennuyeux de manger à sa faim, car aussitôt on n’a plus faim!»* Cela la faisait rire !
Les siècles avancent, les époques changent, la sédentarité arrive avec son lot de modifications de traitement des denrées. Agriculture et élevage voient le jour. Votre filiation, qui a déjà connu deux guerres mondiales, se met à à jouer à la surconsommation après la seconde. Cette génération a été privée. Pour beaucoup, elle a dû se cacher. La production de masse apparaît comme remède à la peur du manque si présente encore. Tous les matins à l’école, elle boit son verre de lait pour devenir forte et être en bonne santé. Pouvoir manger rassure. A cela s’ajoutent l’exode rural, le travail des femmes et le culte du corps qui amorcent la fin d’une cuisine restée figée dans le 19ème siècle. Dans les années 1970, la Nouvelle Cuisine voit le jour et secoue toutes les certitudes de la Haute Cuisine en s’allégeant de fioritures. On cuisine avec humilité. On éconduit le manger par la distinction.
Maintenant, rappelez-vous vos aïeuls… Refaites le chemin à l’envers… Certainement, pour leur plus grand plaisir, vous êtes devenu un grand chef. Vous associez maintenant plaisir et simplicité. Vous aérez les assiettes que vous servez sans enjolivement. Vous l’aviez pourtant imaginé ce 20ème siècle sous pilules gustatives. Vous n’y êtes pas et c’est tant mieux, non ? La tendance actuelle est plutôt de discuter avec les producteurs et de revenir devant les fourneaux. On cuisine ce que l’on mange. On mange ce que l’on cuisine. Aspirer à un «manger mieux» pour vivre plus vieux.
Et l’émergence du manger pour se délecter ?
C’est justement la délectation que LA PASSAGÈRE vous offre pour sa deuxième venue à Arles : une mignardise artistique, une recette créative avec trois artistes et un angle de vue sensoriel.
Les cinq sens. Nos cinq sens. L’odorat, le goût, l’ouïe, le toucher, la vue sont intimement liés à notre quotidien, à notre nourriture bien sûr, mais aussi à nos corps, à nos vies. Ils participent à la création, même si la perception finale dépend de notre histoire familiale, sociale et culturelle.
Les sensations que nous éprouvons face à une œuvre sont propres à chacun. L’art, parfois, dégoute. Il émerveille aussi, nous fait saliver d’envie, écarquiller les yeux ou tendre l’oreille. La sculpture est le medium du toucher par excellence. N’avez-vous jamais été frustrés de ne pas pouvoir palper un Rodin ? N’y aurait-il pas une forme d’injustice de n’être autorisé qu’à s’en approcher, l’effleurer, ou la sentir ?
Continuez votre voyage imaginaire : entrez et communiez avec vos émotions et vos intuitions. Remémorez-vous l’odeur de la poule au pot ou de la tarte aux pommes du dimanche lorsque vous étiez enfants, le goût de la première clémentine de la saison qui «sent si bon Noël». Entendez le crissement des couverts qui s’agitaient dans les assiettes à la cantine. Caressez la peau duveteuse d’une pêche d’été comme si vous la teniez en main. Regardez le rouge flamboyant des fraises qui vous font de l’œil sur les étalages du marché.
Vous y êtes ?
Avancez dans la mythique salle Henri COMTE… Savourez ce que vous avez devant vous… Mangez des yeux les œuvres de Corinne DENIEL qui fait la part belle à la délicatesse, de Matt FRENOT qui révèle la sensation de la couleur, quand Riccardo OLERHEAD offre une palette régénératrice.
Mangez, mangez, mangez ! Avec appétit !
*Source «canalacademie.com – Les fameux dîners d’Alexandre Dumas